Nature et terroir : le cœur des vins du château Gombaude-Guillot
As-tu entendu parler du château Gombaude-Guillot à Pomerol ? Cette propriété de 8 hectares s’est démarquée de ses voisins en étant la première de l’appellation à pratiquer une agriculture bio et biodynamique. Quand la récolte le permet, Olivier Techer, le viticulteur du château, y crée des cuvées nature…
Mais c’est quoi un vin naturel ? Quelle est la différence entre un vin bio, un vin biodynamique et un vin naturel ? J’ai rencontré Olivier pour tenter de clarifier tout ça.
L’histoire du château Gombaude-Guillot
La propriété fait partie de la famille Laval/Techer depuis 1860, soit depuis six générations. Le château tire son nom des parcelles Gombaude et Guillot qui le composent.
En 1983, Claire Laval, la mère d’Olivier reprend la gestion de la propriété. Ingénieure agronome, la notion de terroir lui est cruciale. Aussi se démarque-t-elle très tôt de ses voisins en s’orientant vers une agriculture biologique. Mais tout d’abord :
C’est quoi un terroir, Olivier ?
« C’est la conjonction de 3 paramètres :
• Le sol : soit les plantes et la micro faune et ses caractéristiques géologiques aussi.
• Le climat : la pluie, le soleil, le microclimat, l’orientation et la pente de la parcelle…
• Le facteur humain : les choix de l’homme dans la conduite du vignoble : le porte-greffe, les cépages, la taille… L’humain a une énorme influence et base ses choix en fonction du climat, du sol… C’est subjectif. »
Pour soigner la vigne, Claire prend le temps de comprendre la composition du sol de Gombaude-Guillot. Une vigne se nourrit de nutriments : des minéraux dégradés par les plantes et les micro-organismes. Ainsi, dès 1992, Claire pratique l’agriculture biologique et se fait reconnaître, en 1997, par ÉCOCERT. Puis, en 2006, elle évolue vers la biodynamie et reçoit une certification de BIODYVIN.
Bio, biodynamie… Quelles différences ?
Vin bio
Dans une agriculture biologique, il est interdit d’utiliser des traitements chimiques de synthèse, ni dans la vigne, ni dans le chai. Tout comme en agriculture conventionnelle, tu peux utiliser du cuivre pour lutter contre le mildiou. Est utilisée la bouillie bordelaise, un mélange de chaux et de cuivre. En bio, les quantités sont moindres. À titre indicatif : 4 kg/hectare/an au maximum. De même, l’emploi du soufre, utile pour protéger le vin des bactéries et de l’oxydation, est limité à 100 mg/litre.
Vin biodynamique
La biodynamie considère qu’un vignoble fait partie d’un ensemble micro / macro : la faune / flore le côtoyant (dans le sol et en surface), l’influence des planètes… On applique des préparations naturelles pour renforcer les défenses naturelles des feuilles et des racines. Les doses maximales autorisées de soufre (70 mg/litre de vin) et de cuivre (3 kg/hectare/an) sont encore plus modérées qu’en bio.
À l’instar de Gombaude-Guillot, beaucoup de viticulteurs en bio / biodynamie utilisent de faibles doses de soufre et de cuivre par rapport à la réglementation. Si tu as l’opportunité, discutes-en avec eux !
D’ailleurs, quand il traite la vigne, Olivier utilise un asperseur équipé de panneaux récupérateurs. Cela permet de réduire la quantité de produit utilisée à l’année.
Pour plus de détail sur la biodynamie, je t’invite à lire mon article sur le château Nodot près de Plassac. Tu y rencontreras Jessica qui a adopté les principes de la biodynamie. Au château Brethous, à Camblanes-et-Meynac, les Mallié-Verdier cultivent en bio et perçoivent la biodynamie comme une « boîte à outils ».
Ces rencontres démontrent que chaque viticulteur possède son point de vue sur ces cultures. Il se les approprie selon les besoins de son exploitation. Ce qu’Olivier apprécie dans la biodynamie, c’est « la notion de polyculture ». En intégrant plus de faune et de flore, il continue de développer un domaine qui pourrait, à terme, se suffire à lui-même grâce à la présence d’une riche biodiversité.
Lorsque la qualité de la récolte le lui permet, Olivier fait du vin naturel…
Qu’est-ce que le vin naturel ?
Il n’existe ni définition officielle ni réglementation. Chacun y apporte sa propre définition faite de variables subjectives. Pour certains, le vin naturel doit être issu de raisins n’ayant subi ni transformation, ni intrants, ni filtration…
Olivier ne s’interdit pas un très faible ajout de soufre ou une opération de filtration dans son vin naturel. Ainsi, il questionne : où placer les limites dans ce qui peut être considéré comme vin naturel ? Quels traitements autoriser ?
Par ailleurs, il semble aller de soi qu’un viticulteur produisant un vin naturel pratique une viticulture bio ou biodynamique. Aussi surprenant que cela puisse paraître et faute de réglementation à ce sujet, cela n’est pas obligatoire ! Ce qui, en revanche, est interdit est d’inscrire sur l’étiquette « vin nature ou vin naturel », car cela ne recouvre rien de précis.
Le souhait d’Olivier : regrouper des vignerons légitimes et convaincus pour définir et proposer un cahier des charges autour de l’élaboration du vin naturel. En attendant, à Gombaude-Guillot, on fait du vin le plus naturellement possible…
Les pratiques du château Gombaude-Guillot
Côté viticulture
À Gombaude-Guillot, on cultive des vignes et du raisin à la hauteur du célèbre terroir de Pomerol, tout en respectant l’environnement.
2/3 de la propriété se situent sur l’unique plateau de Pomerol (à quelques mètres des vignobles Petrus, Clinet, La Pointe, Le Pin…). Composé d’argiles et de graves de l’ère glaciaire, ce sol produit des vins reconnus dans le monde entier. Il s’agit de sublimer les récoltes offertes par la nature. Les travaux agricoles sont adaptés aux besoins spécifiques de chaque parcelle. Les ceps sont taillés façon Guyot Poussard pour éviter d’entraver la circulation de la sève. Il faut prolonger leur durée de vie et les rendre moins vulnérables aux maladies du bois. Le décavaillonnage (retirer la motte de terre qui protège un pied de vigne en hiver) se réalise à la main.
Afin de créer un habitat naturel riche et vivant, la famille a planté des arbres et des haies. Elle surveille la conduite du vignoble par rapport au changement climatique. Elle sélectionne des plants vigoureux et résistants à la sécheresse. La terre est travaillée en surface pour préserver la micro faune enfouie et créer d’un bon drainage de l’eau. Lors des vendanges, 3 passages sont prévus : la cueillette du raisin des jeunes vignes, puis les merlots et cabernets francs et enfin les merlots qplus tardif. La récolte est minutieusement triée avant de passer en cuve.
Côté vinification
À la réception de ses raisins, Olivier cherche à comprendre ce que la vigne lui a donné. Tout cela pour élaborer dit-il, « un grand vin digne de son terroir dans le respect de la nature et des hommes ».
On déclenche les fermentations grâce à des pieds de cuve. Olivier prélève quelques grappes des parcelles les plus mûres, les foule, les presse et conditionne le jus dans une cuve. La fermentation débute. Puis, après les vendanges, le jus et les levures indigènes présentes dans le pied de cuve sont transférées pour initier la fermentation. Tout cela se concocte dans des cuves inox ou ciment. L’apport en soufre lors de la vinification reste minimal, soit moins de 30 mg/litre de vin. L’élevage est réparti entre barriques de chêne et amphores de terre cuite d’une capacité de 750 litres.
En minimisant ses interventions, Olivier cherche à élaborer un vin représentatif de son terroir. Un vin fin avec une fraîcheur aromatique et un équilibre entre acidité et tanins. Pour séduire différents palais, le château Gombaude-Guillot propose différentes cuvées.
Les cuvées de Gombaude-Guillot
« Château Gombaude-Guillot », le grand vin, et « Clos Prince » sont des vins de garde, à majorité merlot, élaborés pour se bonifier dans le temps.
« Cadet de Gombaude » est issu des jeunes vignes et vinifié pour être prêt à boire.
À la création de « Pom’N Roll »,Olivier souhaitait proposer à ses copains un vin à déguster jeune, à un prix accessible, flanqué d’une étiquette décalée. Avec un tiers de malbec, ce vin a aussi su trouver ses amateurs.
L’équipe du château, primordiale pour Olivier
Après plus de 10 ans passés à travailler à Gombaude-Guillot, Olivier est devenu gérant du domaine en 2018. Il explique que s’entourer d’une équipe de passionnés compétents a été primordial. Il a aussi conscience que ses choix impactent la propriété, la nature et les hommes qui y travaillent. Son objectif est de continuer à élaborer de grands vins tout en honorant les richesses que lui offre la nature.
Alors qu’as-tu pensé de l’article ? Est-ce que la notion de vin naturel est plus claire pour toi ? T’y retrouves-tu entre un vin bio et biodynamique ?
Fais-moi part de tes commentaires en bas de page.
Infos pratiques
3 Chemin les Grandes Vignes, 33500 Pomerol – 05 57 51 17 40
Crédit photos David Da Silva
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