Les bandes dessinées de David Devigne et Carole Tison
Honorer la mémoire d’hommes engagés. Voici ce qui anime David Devigne et Carole Tison. Et c’est en bande dessinée qu’ils aiment raconter leurs vies.
Le couple évoque l’histoire – petite et grande / locale et internationale – des deux Guerres Mondiales ; le devoir de mémoire et surtout le parcours d’hommes tels Ernest Pinet, le bûcheron canadien, ou Gawin Wild, le mineur anglais devenu consul.
Ainsi, David et Carole prennent soin de restituer l’histoire de ces hommes sans la limiter à leur rôle de soldat. Et nous, lecteurs, avons l’occasion, en parcourant leurs ouvrages, d’apprendre et de porter un autre regard sur des moments d’Histoire parfois oubliés.
Carte des sépultures d’Ernest Pinet et Gawin Wild
Ouvrages publiés par David Devigne et Carole Tison
• 2020, le livre « Les Faiseurs de sciure, Le Corps Forestier Canadien du groupe de Bordeaux ou le plus important déploiement en France 1917 – 1919 »,
• 1ᵉʳ juillet 2022, à l’occasion de la fête de la naissance du Canada, la bande dessinée « Ernest, un soldat bûcheron canadien oublié de la Grande Guerre »,
• Le 11 novembre 2023, lors du jour du Souvenir Britannique, la bande dessinée « Gawin, Mineur de fond, Soldat, Consul de Grande-Bretagne ».
Dans cet article, tu vas découvrir
• Pourquoi David Devigne et Carole Tison font des bandes dessinées,
• Le fil conducteur de leurs ouvrages,
• Le détail touchant qui les a convaincus de raconter les vies d’Ernest et Gawin,
• Les synopsis de leurs trois livres déjà publiés… Et bien plus !
David Devigne et Carole Tison : les présentations
« Né en Gironde, David Devigne est un historien, artiste peintre et photographe dans le domaine militaire. Il est spécialiste des troupes du Commonwealth en France. Au travers de son travail, il cherche à développer le devoir de mémoire pour le souvenir des soldats des deux Guerres Mondiales ». * Source site internet Les Faiseurs de Sciure
Girondine depuis plus de 30 ans, Carole Tison est une écologue amoureuse de la nature et de chats. Se lancer dans ces projets de mémoire, donner corps à l’idée initiale ou tisser des liens au travers de rencontres est ce qu’elle apprécie le plus.
Comment David et Carole en sont-ils venus à la BD
C’est une idée de Carole. « J’aime la façon dont l’Histoire est racontée aux enfants et David avait le fond et la forme, la bande dessinée était une évidence », commente-t-elle. Le petit plus : les bandes dessinées sont bilingues français et anglais, s’adressant à un large public et facilitant l’apprentissage des langues.
Après les « Faiseurs de sciure », Carole voulut vulgariser le contenu pour obtenir un livre pour petits et grands. Ainsi commence l’aventure en auto-édition.
Le fil conducteur des bandes dessinées signées David Devigne
- « Je pars de la vie d’un homme pour raconter un grand moment d’Histoire. Et au travers de sa vie, on voit celle des autres » explique David.
Son travail d’historien le mène à une sépulture, un registre de mariage, une médaille commémorative ; il suit le périple des compagnies des régiments… Bref, il enquête avec la volonté de restituer le visage et le parcours de ces hommes. Qui furent-ils avant la guerre ? D’où venaient-ils ? Que sont-ils devenus après ?
« Avant d’être un soldat, il y a un homme, un enfant. On ne nait pas avec un casque sur la tête » souligne l’auteur. Viendront peut-être ensuite des échanges avec leurs descendants ; des réponses faisant la lumière sur leurs vies.
- On retrouve aussi, Paddy, le chat de David et Carole, accompagnant leurs héros de bandes dessinées 😊
- « Je crois que ce sont les petites choses, les gestes quotidiens des gens ordinaires qui nous préservent du mal… De simples actes de bonté et d’amour. » Mots de l’auteur et lieutenant des Lancashire Fusiliers, John Ronald Reuel Tolkien, publiés dans la bande dessinée « Ernest, un soldat bûcheron Canadien oublié de la Grande Guerre ».
Parce que David est attaché aux premières phrases adressées au lecteur, il sélectionne des citations en résonance avec ses livres.
Le processus de création de David Devigne
D’abord vient le scénario. David établit l’histoire de sa bande dessinée ; les informations importantes qu’il souhaite y intégrer.
Puis, il réalise les planches. Après un premier dessin au crayon, les illustrations sont réalisées à l’acrylique. L’inspiration peut provenir de photographies ou de films d’époque. Représenter un univers militaire, c’est savoir maîtriser l’histoire des régiments, la composition des insignes et des uniformes…
Dans ses livres, David attache également de l’importance à la transition des couleurs, au mouvement des corps, aux émotions communiquées… Il intègrera des illustrations en pleine page permettant de détailler les scènes, les paysages…
Vient ensuite le travail de Carole. Relecture, mise en page, formalités attachées à la création d’un livre… Petit à petit, ce projet travaillé à quatre mains prend forme.
Ce que dévoilent les ouvrages de David Devigne
Les Faiseurs de sciure, le Corps Forestier Canadien du Groupe de Bordeaux ou le plus important déploiement en France 1917 – 1919
Cet ouvrage relate l’histoire du Corps Forestier Canadien déployé dans la forêt des Landes de Gascogne durant la Première Guerre Mondiale.
« Le Groupe de Bordeaux est le plus grand groupe de ce corps de logistique militaire déployé en France », rappelle David. En évoquant le parcours de ces hommes, l’auteur rappelle l’histoire des 25 000 hommes qui serviront dans cette subdivision de l’Armée Canadienne. Pour les curieux, la suite de l’histoire de ce Corps Forestier Canadien est par ici. La chaîne de télévision France 3 avait aussi réalisé un reportage sur le travail de David. On peut y voir la maquette de la scierie qu’il avait fabriquée afin de mieux comprendre son fonctionnement. D’ailleurs le grand-père de David, Bernard Dulong, fût, lui aussi, bûcheron.
L’histoire
Voici des extraits issus du site internet Les Faiseurs de sciure.
« Alors que la Grande Guerre fait rage sur le front français, les Alliés ont besoin de bois pour les tranchées et les lignes de chemins de fer […] Dès 1916, le Général Alexander Mac Dougall met en œuvre le déploiement de 18 compagnies du Corps Forestier Canadien, soit environ 4 000 hommes en Gironde et dans les Landes. […] Ces hommes de toutes origines sont des professionnels de l’exploitation forestière. Ils construisent de gigantesques scieries et de véritables petits villages. On les appelle « les faiseurs de sciure ».
Des bûcherons soldats reposent au cimetière des alliés à Talence
L’histoire du Corps Forestier Canadien est évoquée dans mon guide « 111 lieux à Bordeaux à ne pas manquer » car le cimetière des alliés de Talence, dans lequel reposent dix soldats canadiens, en fait partie.
J’invite le lecteur à découvrir ces sépultures et pourquoi pas, à l’occasion du 11 novembre, à 11h, lorsqu’est célébré, par le Commonwealth et les anciens combattants, le Jour du Souvenir.
Un chemin de mémoire pour ces bûcherons soldats
En parallèle de l’écriture de cet ouvrage, David et ses collaborateurs, créèrent un chemin de mémoire pour ces bûcherons. L’idée : intégrer, dans les différentes communes où ils travaillèrent, des plaques commémoratives.
Autre exploit : David prit contact avec le brigadier général et aumônier David Kettle au Canada pour organiser différentes cérémonies devant leurs sépultures. Kettle leur rendit ainsi les honneurs religieux et militaires non reçus lors de l’inhumation des soldats.
David Devigne décoré par le Canada
Pour tout ce travail accompli, le Canada décora David de la Médaille du Service Méritoire (MSM)
Ernest, un soldat bûcheron Canadien oublié de la Grande Guerre
Comment David découvre l’existence d’Ernest Pinet
Alors que David continue le travail, il découvre le cimetière des Alliés à Talence. Chez lui, il recherche l’histoire des bataillons et la genèse du Corps Forestier Canadien. Il croise la vie d’Ernest Pinet, engagé à 17 ans et décédé à 19 ans. Touché par son jeune âge, il poursuit les recherches, retrouvant notamment son portrait. Il contacte la commune d’où est originaire le jeune homme et rentre en contact avec ses descendants. Et c’est ainsi que commencent les échanges avec Patsy, la demi-sœur d’Ernest et Charles son cousin germain.
Pourquoi David et Carole ont choisi Ernest pour leur bande dessinée
Il fallait tenir la promesse faite à Patsy. En effet, la veille de son décès, Patricia avait envoyé une lettre au couple, demandant de ne pas oublier Ernest dans leurs travaux. Pour David et Carole, la décision fut prise de rendre hommage à Ernest et au Corps Forestier Canadien tout entier.
Synopsis de la bande dessinée, extrait du site les Faiseurs de sciure
« 1916, lorsque Ernest, âgé de 17 ans, s’engage dans le 165ᵉ bataillon d’infanterie Canadien, il est loin d’imaginer que c’est avec des outils de bûcherons dans les Landes de Gascogne et non des armes sur le front du Nord de la France, qu’il va servir son pays.
À travers la vie d’Ernest, Joseph, Paddy, Thomas, Ernest, Frank, William, Alyre, Abraham, Evelyne, Patricia, Christiane, Mary et bien d’autres personnages, je vous invite à découvrir dans cette bande dessinée inédite, l’histoire oubliée du Corps Forestier Canadien et de ses soldats bûcherons engagés pour venir couper des arbres dans les forêts françaises pour alimenter le front en bois, lors de la Grande Guerre. »
Gawin, Mineur de fond, Soldat, Consul de Grande-Bretagne
Le parcours de Gawin Wild interpella David et Carole. Un parcours qu’il réussit notamment à retracer grâce au Foreign Office britannique.
Comment David découvre l’existence de Gawin Wild
« L’histoire commence lorsqu’un passionné me montre des médailles. Comme vous le savez peut-être, les médailles britanniques sont nominatives. C’est ainsi que commence mon enquête sur Gawin Wild » confie David.
Quand David apprend que Gawin s’est marié avec une Française, il oriente ses recherches sur son épouse. « J’ai retrouvé la femme, puis, j’ai retrouvé l’homme » partage-t-il avec un sourire.
Synopsis de la bande dessinée, extrait du site les Faiseurs de sciure
« Sous le règne de Victoria 1ʳᵉ, la Grande-Bretagne est hissée au rang de première puissance mondiale : l’Empire où le soleil ne se couche jamais. […] Malgré ce constat glorieux, la vie quotidienne peut-être pénible tant dans les campagnes, les usines ou les mines de charbon. En dépit de cette réalité, beaucoup de Britanniques âgés entre 18 et 49 ans s’engagent pour le Pays, le Roi et l’Empire lorsque la Première Guerre Mondiale éclate en août 1914. Leurs motivations sont multiples : échapper à la misère, gagner un meilleur salaire, par patriotisme ou pour l’aventure. […] À travers le parcours authentique, atypique, de Gawin Wild, natif du Nord de l’Angleterre, successivement mineur de fond, soldat et Consul de Grande-Bretagne, cette bande dessinée nous plonge dans les trois conflits majeurs du 20ᵉ siècle. »
Une plaque commémorative au cimetière
David retrouva la tombe de Gawin et Mathilde Wild au cimetière communal de Saint-Seurin-de-Cadourne dans le Médoc. « J’avais déjà fait un tour, sans trouver sa sépulture. Après m’être arrêté, je tourne la tête et là, je vois inscrit sur la pierre « Wild » ; comme si Gawin m’avait appelé » dévoile-t-il. Une cérémonie d’hommage eut lieu en présence du consul de Grande-Bretagne. Aujourd’hui, une plaque commémorative est accrochée sur le mur du cimetière.
Une autre plaque est aussi accrochée dans le mess des Sergents des Royal Northumberland Fusiliers à Newcastle-Upon-Tyne. « Je trouvais important que Gawin revienne chez lui » continue David.
… Et dans la Tour de Londres
À l’occasion d’une visite de la Tour de Londres, David offrit une copie en tissu de cette plaque à la Brigade des Fusiliers Royaux.
Enfin, Gawin ayant été consul en juin 1940, l’auteur tint à déposer une autre plaque au consulat de Grande-Bretagne, rue Montesquieu à Bordeaux.
Les actualités du couple… Bientôt une troisième bande dessinée !
Apprête-toi à faire la connaissance du grand-père de Carole : Marcel.
« Après un Canadien et un Anglais, il fallait un Français. Marcel était un paysan normand, mais sa vie ne s’est pas arrêtée là ; il la terminera d’ailleurs à Pessac… » dévoile David. Aventure à suivre sur ULULE.
Un rêve : l’ouverture d’un musée
Au fil des années, David et Carole ont procédé à de nombreuses recherches, collecté des archives, déniché des objets, des outils… Le couple souhaiterait ouvrir un musée dédié au Corps Forestier Canadien déployé en France. Une occasion de restituer ce qu’était le quotidien de ces hommes.
Voilà pour la découverte des bandes dessinées de David et Carole 🙂 J’espère que ça t’a plu. Laisse-moi un commentaire en bas de page. Pour suivre Carole et David, direction ULULE et le site les Faiseurs de sciure.
Portraits et médailles © David Devigne et Carole Tison
Planches des bandes dessinées © David Da Silva
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Bonjour Fleur!
Très bel article sur David De vigne et Carole Tison! Les illustrations de leurs BD sont magnifiques, avec de belles couleurs et des détails minutieux! L histoire de ces hommes partis a la guerre est touchante. Et la volonté de leur rendre hommage, de les faire renaître à travers la mémoire collective est nécessaire et permet une nouvelle prise de conscience face aux affres de la guerre.
Belle journée à toi et bravo encore pour tes publications toujours très approfondies et instructives!
Bonjour Anabelle,
Je te remercie, ça fait vraiment plaisir. Je suis très heureuse de célébrer le travail de David et Carole.