flâner dans les rues de bordeaux : 6 bonnes raisons de faire un tour dans le quartier de mériadeck

Alignement des immeubles en croix
Dalle de Mériadeck
La Préfecture Bordeaux

Certains l’apprécient, d’autres le rejettent, on le contourne ou on le fréquente avec plaisir… Le quartier moderne de Mériadeck fait encore et toujours parler de lui !

Aujourd’hui, je t’invite à le (re) découvrir pour j’espère, l’apprécier un peu plus et peut-être même y faire un tour. Après tout, il fait tout de même partie des « 111 lieux à Bordeaux à ne pas manquer » !

 

mériadeck… un peu d’histoire

Assainies au XVIe siècle, les terres marécageuses du futur quartier de Mériadeck étaient à l’origine situées hors des remparts de la ville. Après la destruction de ces murs, Ferdinand Maximilien Mériadec de Rohan, archevêque de Bordeaux en 1769 (dont le quartier héritera du nom), y installe son archevêché : le palais Rohan, notre hôtel de ville aujourd’hui.

 

mériadeck le quartier autrefois

Petit à petit, les échoppes se multiplient et le quartier se développe, devenant un village indépendant très vivant, un lieu « à part ». Y habitent des personnes aux revenus modestes, des artisans, des ouvriers, des commerçants… Un marché aux puces anime la place principale et attire une large clientèle : les collectionneurs et antiquaires recherchant ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs, mais aussi des bricoleurs, des familles modestes… Pour les interpeller, on leur joue de la musique sur des phonographes. La brocante prospère et devient l’activité principale du quartier. Meubles, vieux objets, métaux, papier, chiffons, fripes, ferrailles, bouteilles, boîtes de conserve… On récupère, on fabrique, on répare… Tout peut être source de revenus. Quiconque cherche à vendre quelque chose aux particuliers et industriels. De leur côté, les sans-abris fouillent les poubelles des beaux quartiers pour dénicher des objets. Et si la recherche est infructueuse, on dégote des bouts de pains pour les revendre et les transformer en chapelure.

Ce quartier populaire est miséreux, isolé et mal assaini. Les habitations se dégradent et l’insalubrité s’installe. Rares sont les habitants bénéficiant d’équipements de première nécessité, tels des sanitaires intérieurs, du chauffage ou de l’eau courante. Mais il s’est formé à Mériadeck un sentiment de liberté et, entre les habitants, un esprit de solidarité et de soutien. « La commune libre de Mériadeck », se crée et élit un maire. Cependant, la prostitution se répand et la réputation du quartier se détériore.

mériadeck la naissance d’un nouveau quartier

Panorama depuis une résidence
Signalétique sur la dalle de Mériadeck
Mériadeck

Pour remédier à ces maux ainsi qu’au besoin de logement, le maire de l’époque, Jacques Chaban-Delmas, décide dès 1955, de raser le quartier pour bâtir « le nouveau quartier de l’hôtel de ville ». Le premier plan, conçu par l’architecte urbaniste de la ville Jean Royer, inclut majoritairement des logements sociaux, mais, il évolue rapidement pour apporter plus de prestige au développement. En 1970 le quatrième plan est adopté. Jacques Willerval, architecte urbaniste, succèdera (après un temps de collaboration) à Jean Royer. 8 immeubles sur 45 seront des résidences tandis que le reste concentrera les administrations et activités tertiaires. Pour éviter de détruire une partie du jardin de l’hôtel de Basquiat et le déplacement de l’hôtel de Poissac, tous deux bâtis au XVIIIe siècle, l’idée initiale d’axer l’allée principale du futur quartier Mériadeck en continuité des jardins de la mairie – permettant de relier le quartier historique au quartier moderne – est abandonnée. Lorsque les travaux débutent en 1971, c’est la fin d’une époque.

Aujourd’hui, la fontaine obélisque, symbole de ce premier quartier de Mériadeck signée Charles Burguet, en est l’unique souvenir. D’abord située sur la place principale, elle fut déplacée place du Colonel Raynal devant la Galerie des Beaux-Arts. En 2004, dans son livre « L’ancien quartier Mériadeck à Bordeaux », Jean-François Fournier évoque le souvenir des gamins la décorant de pneus de vélos…

mériadeck en chiffre

– Superficie : 28 hectares

– 240 700 m2 de bureaux, avec environ 18 000 employés

– 2500 habitants

– 4 hôtels offrant 660 chambres

– 10 000 m² de commerces

 

les qualités architecturales de mériadeck

Immeubles cruciformes
Bâtiment à Mériadeck
Quartier moderne, Bordeaux
– Volonté de Jacques Chaban-Delmas : un urbanisme sur dalle construit sur une déclivité naturelle. Cinq terrasses, reliées par des passerelles, portent des immeubles entourés de jardins et d’espaces communs. Les piétons circulent sur la dalle tandis que la circulation motorisée est maintenue en bas, au niveau de la rue. Cette déclivité naturelle permet l’installation de plusieurs niveaux de parkings.

– Des immeubles cruciformes sur la dalle – dont un alignement de bâtiments présentant une même forme en croix sur l’esplanade Charles de Gaulle – apportent de la lumière dans l’espace.

– La taille de guêpe des bâtiments : le rétrécissement en rez-de-dalle favorise la circulation au pied des bâtiments, apporte de la perspective aux piétons et évite ainsi les sensations d’écrasements.

– Le velum et les espaces de respiration rythme cet urbanisme : la taille des immeubles en croix est pensée pour conserver le panorama de la ville basse. Les croix mesurent 30 mètres sur 30 mètres, ou, pour les doubles croix, 60 mètres sur 30 mètres. Plus on se rapproche de l’église Saint-Bruno, plus les bâtiments sont bas pour s’intégrer dans l’environnement urbain. Afin de signaliser le quartier, une exception est accordée au bâtiment de la Métropole, qui mesure 89.50 mètres de haut.

– Règle des 30 : 30 ou 60 mètres séparent chaque immeuble pour créer des espaces de respiration.

– Arcades, piliers de soutien, système de câbles sous tension suspendus, contre poids apparents… Les techniques modernes déployées par les différents architectes pour soutenir les étages en surplomb sont multiples.

Tout cela confère à Mériadeck harmonie calme et repos !

mériadeck : ensemble urbain du XXe siècle reconnu par l’unesco

Avec ses quartiers du XVIIIe et XIXe siècles intacts et l’addition de ce quartier moderne du XXe siècle, Bordeaux affiche une unité et continuité architecturale remarquable, récompensée en 2007 par un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

6 bonnes raisons de se balader à mériadeck

– Pour échapper à l’agitation urbaine et se détendre du côté de l’esplanade Charles de Gaulle. Sur la dalle, on est loin du bruit des voitures et on entend plutôt les oiseaux !

– Pour apprécier ce patrimoine urbain du XXe siècle, son architecture soulignant ses lignes, ses formes, ses espaces et matériaux (majoritairement béton, verre et alu) constituant pour la ville de Bordeaux, un quartier marqué par une période de son histoire urbaine.

– Pour déambuler dans un quartier vivant, côtoyant danseurs, skateurs, entourés de street art.

– Pour y dénicher les plus beaux camélias de Bordeaux, confidence de Marie-Françoise de l’association « Sauvegarder Mériadeck » !

– Pour te rafraîchir lors de canicules, car il fait toujours un peu plus frais sur la dalle.

– Pour découvrir les auvents de l’autre entrée de la bibliothèque de Bordeaux ! Dans mon guide touristique «  111 lieux à Bordeaux à ne pas manquer », j’évoque justement ces fameux auvents décorés des reproductions d’ouvrages patrimoniaux conservés dans les fonds précieux de la bibliothèque de Bordeaux. De ce côté de la dalle se cachent le tableau Deuxième vue du port de Bordeaux de Joseph Vernet ainsi qu’une représentation de la cathédrale Saint-André et du Grand Théâtre.

 

Mériadeck, c’est un quartier ouvert à tous situé au cœur de Bordeaux avec des espaces verts, des jolis points de vue, des aires de jeux, des parkings, des équipements sportifs et de spectacles, des commerces, une bibliothèque… Le tout accessible à pied. Pour les résidents de Mériadeck, il fait bon vivre sur la dalle !

 

où se balader sur la dalle de mériadeck

– Sur l’esplanade Charles de Gaulle, fais un tour vers les différents monuments rendant hommage à ces héros de la Résistance. Va voir le buste d’Aristides de Sousa Mendes, consul général du Portugal à Bordeaux en 1938, qui, en signant des visas, aida à la fuite et ainsi sauva 30 000 personnes.

– Traverse l’esplanade pour te promener du côté de l’immeuble de la Métropole et apercevoir dans le bassin la sculpture de François Cante Pacos représentant une proue de navire….

– S’ils sont ouverts, jette un œil à l’intérieur des immeubles publics ou renseigne-toi sur les possibilités de visites lors des journées du Patrimoine. Grâce au « 1% artistique » (pourcentage d’un budget d’une construction dédié à une œuvre d’art), certains d’entre eux recèlent de décors réalisés par des artistes tels le peintre Victor Vasarely, le sculpteur Pierre Sabatier ou l’architecte designer Florence Knoll Bassette, dont les réalisations reposent à la Préfecture.

– Face à la Préfecture depuis l’esplanade Charles de Gaulle, emprunte la passerelle enjambant la rue Claude Bonnier et menant à la terrasse du Front du Médoc sur laquelle sont situés les immeubles « le Guyenne », « Le Centre »… Depuis cette passerelle, découvre le panorama vers l’église Saint-Bruno et, de l’autre côté, l’alignement des immeubles en croix (Le Cardinal, résidence Le Cristal, tour Allianz) jusqu’à la nouvelle Cité Municipale de Bordeaux. Un beau point de vue !

– Quand tu seras sur la terrasse du Front du Médoc, dirige-toi vers la Tour 2000, derrière le bâtiment Pôle Emploi. Remarque l’escalier de secours qui fut ajouté après la construction du bâtiment.

– Envie d’une pause, assieds-toi au bord d’une des jardinières arrondies pour profiter de l’atmosphère de la dalle. Chaque terrasse a une ambiance différente.

– Direction la terrasse Koening. En chemin, remarque les puits de jour signés Willerval et marquant l’emplacement au sous-sol des installations sportives. Il y a d’ailleurs quelques repères visuels sur la dalle. De ce côté de Mériadeck, les jeunes investissent la terrasse.

– Si tu es fan de street art, fais un tour vers l’immeuble « Solidarité » du Département de la Gironde. Les fresques à son pied, évoquent différentes thématiques telles l’égalité homme / femme.

– Un peu plus loin sur la terrasse Rhin et Danube, se trouve la bibliothèque de Bordeaux, tu peux apercevoir les auvents marquant son entrée et vers la droite, ses puits de jour, mieux visibles depuis la rue.

– Direction la terrasse du 8 mai 1945, découvre les bouches d’aération jouxtant l’immeuble du Ponant.

– Termine ta balade sur le parking du centre commercial, fais-en le tour pour apprécier tout le long le panorama donnant sur les terrasses et bâtiments.

 

Lors de ta balade, regarde bien autour de toi, lève la tête, tu verras comment les bâtiments se reflètent sur les façades, les arrondis, les lignes horizontales… Amuse-toi aussi à regarder au travers des entrées des immeubles car souvent l’intérieur des bâtiments reflète l’architecture extérieure. On peut retrouver les mêmes carreaux, un même matériau comme le marbre, une même forme… Des détails à noter !

plan de mériadeck

Pour te repérer voici deux plans du quartier de Mériadeck :

– Plan avec les noms des bâtiments et leurs architectes.

– Plan avec les noms des bâtiments et des terrasses.

*source Sauvegarder Mériadeck

l’association sauvegarder mériadeck

Si tu t’intéresses au quartier, je te recommande vivement de faire un tour sur le site internet, ou mieux encore de rencontrer Marie-Françoise Michelet, fondatrice de l’association « Sauvegarder Mériadeck » et résidente du quartier depuis 1993.

Née en 2011, cette association se mobilise pour sauvegarder et protéger l’ensemble du quartier Mériadeck, que cela soit pour préserver ses caractéristiques architecturales ou encore alerter sur la sécurisation et l’entretien de la dalle. Car oui, il faut réembellir l’espace et le rendre convivial ! C’est d’ailleurs sous l’initiative de Marie-Françoise que le street artiste Kendo a décoré l’un des murets de la terrasse Koening ; un coin aujourd’hui très fréquenté des skateurs. Et cela fait bien plaisir à Marie-Françoise qui invite les nouvelles générations à s’approprier le quartier.

« Mériadeck a toujours été ouvert à tout le monde, il faut conserver cette vocation. Et si on veut attirer les gens à Mériadeck, il faut que l’espace soit propre, joli et convivial. On a fait des propositions… comme par exemple pour que le sol de la terrasse Koening soit plus adapté aux chorégraphies des jeunes, ou pour agrandir le parc d’enfants, rajouter des bancs, améliorer les plantations… » explique Marie-Françoise.

Mériadeck est représentatif du courant architectural de l’époque et chaque bâtiment en reflète des particularités : une mine d’or pour ceux qui s’intéressent à l’architecture ! « C’est en Europe, le seul quartier intact représentant l’architecture des années 70. Déjà en 93, je rencontrais des touristes allemands qui avaient avec eux des guides évoquant l’architecture du quartier ; ils en étaient très friands. Entre le design, la diversité des techniques développées et les matériaux utilisés, le quartier était un laboratoire d’expérimentation. J’avais d’ailleurs trouvé dans mes archives une mention de Mériadeck, dans un article de la Cimenterie Française, comme exemple d’utilisation de nouveaux bétons. » raconte Marie-Françoise.

 

budget participatif 2022-2023 : soutenir le projet de l’aménagement de la terrasse koening

Le projet de Sauvegarder Mériadeck et des résidents du quartier : 

“Transformer la terrasse Koenig en lieu de rencontre, sports, pique-nique ouvert 24h/24, gratuit et pour tous âges. Profiter des constructions et jardinières pour l’acrobatie urbaine. Retirer les dalles et végétaliser partiellement le sol. Créer des allées pour les vélos d’enfants et la promenade.”

Ça serait chouette de voir le quartier évoluer positivement !

 

visite mériadeck avec marie-françoise

Tu veux découvrir Mériadeck ? Marie-Françoise sera ravie de t’embarquer avec elle pour t’en montrer les charmes et différentes facettes. Contacte-la pour convenir d’une visite : contact@sauvegarder-meriadeck.fr

Jette aussi un coup d’œil sur le site internet de l’association « Sauvegarder Mériadeck », pour lire l’histoire de la construction du quartier ainsi que des fiches détaillant les caractéristiques de chaque immeuble. Ce travail aujourd’hui publié, représente 10 ans de recherches !

Crédit photos David Da Silva

5 1 vote
Article Rating
Fleur explore Bordeaux
1
0

Inscris-toi à la newsletter du blog pour ne manquer aucun article !

En cadeau, 15 idées de balades pour te ressourcer en pratiquant le slow tourisme

En t'abonnant à cette newsletter, tu acceptes la Politique de Confidentialité.

Merci et bienvenue sur le blog !

Pin It on Pinterest

Share This