à la rencontre de michel cessateur,

ancien fontainier de bordeaux

Michel Cessateur
Maquette de l'opération Frankton
Place Amédée Larrieu

L’autre jour j’ai eu le plaisir de visiter l’atelier de Michel Cessateur, ancien fontainier de Bordeaux et de son ami Philippe Eyquem, ancien officier de marine. Depuis toujours passionnés de modélisme naval, c’est dans cet atelier qu’ils réparent et restaurent des maquettes pour le Musée Mer Marine.

Après 39 ans passés au service de la mairie en tant que fontainier, Monsieur Cessateur est aujourd’hui retraité. Toute sa vie il a pris soin, tout comme son père Robert, des fontaines, bassins et bornes de la ville. Il connaît leurs histoires, leurs symboles et leurs secrets. Son savoir est phénoménal ! Il porte à lui tout seul une partie importante du patrimoine bordelais.

Après nous avoir montré son atelier, nous sommes partis du côté de la place Amédée Larrieu pour discuter de trois points d’eau plutôt méconnus à Bordeaux : la fontaine Burdigala, le puit de la Cité Pavie et une borne fontaine nichée dans une impasse…

 

l’atelier de michel cessateur

Maquette navire
Plan de maquette
Modélisme naval

sa passion pour le modélisme

Avec un père sculpteur graveur, Michel Cessateur côtoie dès le plus jeune âge, les arts, la créativité et la curiosité. Gamin, il construit des maquettes et se fabrique ses jouets. Entre la cage d’escalier et la porte d’entrée, il installe un câble pour y faire passer son téléphérique 😊. Parachutiste durant son service militaire, il créé des maquettes de parachutes et, pioche, pour faire le parachutiste dans les poupées de sa sœur, celles qu’elle avait en double. En 79/80, il rejoint le club Maquettes de Guyenne. Il participe et/ou remporte différents concours comme le championnat d’Aquitaine, le championnat de France et le championnat du monde.

 

la rencontre avec norbert fradin 

C’est un concours de circonstances qui conduit Michel Cessateur dans cet atelier. En 93, il fait partie de ceux qui ont fait venir le croiseur Colbert à Bordeaux. En 2010, il fonde avec Philippe, un musée de l’histoire maritime de Bordeaux pour exposer leurs maquettes. Puis, la providence envoie le futur fondateur du Musée Mer Marine, Norbert Fradin, visiter le musée. La conversation s’amorce quand il reconnaît la maquette du croiseur Colbert. Ainsi commence leur collaboration.

 

la visite de l’atelier

Michel Cessateur aime créer des maquettes évoquant l’histoire de Bordeaux et de la Gironde. Grâce à des documents fournis par le groupe de commandement anglais, Michel Cessateur a pu fidèlement reproduire le sous-marin et le déroulé de l’opération Frankton : une maquette unique. Une autre représente le Hangar 18 et les grues vélocipèdes, électrifiées pour fonctionner comme les vraies.

Maquette navale
Maquette
Maquette

le métier de fontainier 

En devenant fontainier, Michel Cessateur suivit les pas de son père Robert, lui-même fontainier pour la ville. La première fontaine dont s’occupait Robert était la fontaine de la Grave sur les quais, dont il ouvrait et fermait le robinet les jours de marché le lundi et le samedi. Puis il y a eu celles des Allées de Tourny.

Troisième génération de plombier, Michel Cessateur débuta dans les établissements Raymond ; ce qui le mena à travailler à la poudrerie de Saint-Médard. Puis, en janvier 71 il rejoint la mairie de Bordeaux. Après avoir poussé le balai 3 mois, il s’occupe des stations de pompage des piscines, comme celle de Claveau, puis des bains douches de Buscaillet. À l’aube de 72, une place se libère aux côtés de son père, dans les ateliers des bâtiments communaux section plomberie.

 

au service du public

À son arrivée, son père partage alors avec lui un principe que Michel Cessateur suivit de près toute sa carrière : « tu rentres dans la mairie de Bordeaux, tu te devras au public, soit volontaire, toujours prêt à partir quand on te le demande ». Les fontaines doivent fonctionner pour le public.

Il s’occupe notamment de la remise en route et la motorisation de chaque fontaine – Trois Grâces, Charles Gruet, Parlement, Nansouty…  – dont le fonctionnement, qui n’était pas pensé en circuit fermé engendrait une perte d’eau considérable. Chaque jour, il fait la tournée des fontaines, environ 15, prises en charge par la mairie. Est-ce que tout fonctionne ? Quel est l’état de l’eau ? Quand il faut régler les jets crachés par les chevaux de la fontaine aux Girondins, il faut le faire entre 8h et 10h car après le vent se lève et on ne distingue plus la direction des jets. Vers novembre on arrête l’eau pour l’hiver. Combien de fois lors de sa tournée, il trouve les fontaines crachant de la lessive ou des colorants, rajoutés dans le système d’eau !

En travaillant chaque jour dehors Michel Cessateur voit le patrimoine évoluer. Lui et son équipe furent les derniers fontainiers de la ville, avant qu’elle ne sous traite cette activité.

 

un amour pour les fontaines

Michel Cessateur aime toutes les fontaines mais avec un intérêt différent : il apprécie les fontaines décoratives et affectionne particulièrement, se documentant sur leur histoire, les fontaines monumentales comme celles aux Girondins, Burdigala, des Trois Grâces ou celle de la place Picard, aujourd’hui disparue. Il sculpta aussi une fontaine qui repose aujourd’hui à la maternelle de l’Yser.

 

la place amédée larrieu et la fontaine burdigala

Fontaine Burdigala
Square Larrieu
Chérubin vendangeur

L’idée du monument fontaine, bâti en 1901, fut initiée par Eugène Larrieu qui légua des fonds à la ville pour rendre hommage à son père Amédée, préfet et député de Bordeaux. Celle-ci lança alors un concours, remporté par le sculpteur Raoul Verlet.

Verlet imagina la fontaine comme une allégorie à Bordeaux et à ce qui la fit florir : le vin et le commerce. La ville est représentée par une femme, entourée de chérubins évoquant la vigne et les vendanges. L’eau s’écoule sur une coquille Saint-Jacques, en référence au pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. De l’autre côté, Bordeaux gouverne son navire en pleine mer, voile déployée. Son diadème évoquerait l’Abondance. Monsieur Cessateur explique par ailleurs que le bélier, la tête de proue du navire pourrait rappeler l’élevage dans nos prés salés.

Particularité de la fontaine Burdigala : des produits locaux comme des escargots, des langoustes, des conques et des ceps de vigne sont parsemés sur la sculpture. La tortue symboliserait, selon les Romains, le souhait que Burdigala connaisse une vie longue et prospère. Sa tête était à l’origine en plomb ou en laiton. Elle est aujourd’hui en pierre.

Derrière le monument on aperçoit l’ancien petit marché couvert de quartier, le marché de Belleville. Décoré sous le thème de l’Art nouveau par les architectes Barbaud et Bauhain, il porte une belle grille en fer forgé et, à ses extrémités, deux bassins signés Verlet. Ouvert en 1866, il ferma en 1974 avant de devenir une salle municipale polyvalente.

Quand il n’y avait chez soi ni eau ni sanitaire, on se servait en eau dans la rue, grâce aux bornes. À chaque coin de rue, se trouvait une borne ou un puit. Ici une borne Bayard & Fils et sa fonction incendie et le puit Cité Pavie.

Et voilà pour la découverte ! Qu’en as-tu pensé ?

On a passé deux beaux après-midis très enrichissants en compagnie de Michel Cessateur ! Si tu t’intéresses à l’histoire des fontaines de Bordeaux, je te recommande aussi de faire un tour sur le site de Jérôme Kobbé. Chacun de ses articles est très complet et bien fourni en documentation. Bonne lecture !

Crédit photos David Da Silva

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