Street art Bordeaux : les confidences d’a-mo
Si tu suis le blog, tu sais combien j’aime le street art ! Tout a commencé lorsque j’ai exploré les quartiers Belcier et St Nicolas à Bordeaux. Il y avait de nombreux murs égayés de fresques et d’histoires !
Depuis, j’aime bien partager mes découvertes : comme lorsque je t’invitais à chasser le Mimil de Selor ou lorsque David capturait les graffiti des hangars aux Bassins à Flot (qui ont été détruits depuis… mais les voici en photo ici). Et aujourd’hui, je suis enchantée de parler d’A-MO, peintre et graffeur installé à Bordeaux. J’aime beaucoup ses œuvres, particulièrement ses fresques d’animaux de grandes dimensions qui investissent les rues de Bordeaux. Maintenant, et avant de parcourir Bordeaux à la rencontre des animaux d’A-MO, pénètre dans son univers pour en savoir plus sur lui !
L’entretien avec a-mo
D’où vient ton pseudo ?
Mon pseudo A-MO est une déformation de mon prénom. Durant très longtemps, seules les personnes qui m’étaient proches m’appelaient ainsi. J’ai eu plusieurs pseudos mais je suis revenu à celui-ci car il est simple, se prononce facilement dans toutes les langues et il signifie « j’aime » dans différents pays.
Les murs, les toiles, cela représente (plus ou moins) 50/50 de ton temps ?
Oui c’est globalement ça, certaines périodes je ne sors pas de l’atelier durant des semaines et d’autres c’est l’inverse… Je n’y mets pas les pieds durant des semaines…
Tu utilises la technique du Paintag, c’est quoi exactement ?
Paintag est une combinaison de deux mots : paint (peinture en anglais) et tag. C’est un mot que j’ai créé pour nommer ma technique car je peins principalement en superposant des tags. Je précise qu’avec le paintag je n’ai absolument rien inventé, d’autres l’avaient déjà fait avant moi… C’est juste que j’en ai fait ma signature, mon style est indissociable de cette technique.
As-tu d’autres techniques que tu aimes travailler ?
Il m’arrive de travailler également la technique du pochoir en noir et blanc afin de créer des interactions (souvent entre des animaux et des enfants).
Parle-nous de ton univers
J’aime particulièrement peindre des animaux, plutôt de manière très colorée en ce moment, sur fond noir. J’aime l’idée de peindre des animaux dans un contexte urbain… Les remettre là où ils ont disparu et ainsi surprendre les passants.
Lorsque tu projettes de réaliser un nouveau mur, comment t’y prends-tu ?
Lorsque je peins un mur, je cherche avant tout une surface exploitable, si possible assez grande, si possible dans un cadre inspirant et si possible dans un endroit où il y a du passage… Quand j’ai trouvé mon spot, j’étudie la configuration du lieu et je laisse mon imagination faire le travail : quel type d’animal, dans quelle position, qui regarde quoi… J’aime qu’une peinture soit adaptée au support et au lieu, qu’elle semble être « faite pour ce lieu », c’est du moins ce que je recherche.
Quelles grandes thématiques abordes-tu régulièrement dans tes œuvres ?
Mes peintures sont globalement très légères et ne sont pas spécialement revendicatives ou porteuses de messages… Je cherche avant tout à toucher les gens, que ça les fasse sourire, les rende tristes, curieux ou mélancoliques… Mais s’il y a un thème qui pourrait être récurrent dans mon travail ce serait la place de l’animal dans « notre » monde, celui que l’humanité s’est appropriée…
Que t’inspire la nature, les animaux ?
Le plus grand respect avant tout.
D’où vient cet amour de la nature ?
Je pense que ça vient de mon grand-père maternel, qui m’emmenait déjà tout petit dans la forêt observer la nature, les oiseaux, les traces laissées par les animaux terrestres, les poissons, etc… J’ai eu la chance d’apprendre très jeune l’importance et la beauté de la nature.
Te considères-tu comme un artiste engagé ?
Non, pas spécialement.
Quelles valeurs / messages te tiennent à cœur et cherches-tu à mettre en avant au travers de ton travail ?
Mon travail me permet de partager des images avec les autres… Que ce soit sur des murs ou d’autres supports… Donc avant tout le partage, le partage de l’espace public avec les passants, le partage de mes choix artistiques, des animaux que je montre…
J’aimerais aussi véhiculer un message de respect, vis-à-vis des autres (j’essaye toujours de ne pas peindre n’importe où, de me responsabiliser vis-à-vis du lieu où je peins, de ne pas « dégrader ») mais aussi vis-à-vis de la nature. Les animaux méritent le plus grand respect pour ce qu’ils sont et pas pour ce qu’ils pourraient nous apporter…
Qu’est-ce qui te fait vraiment vibrer dans ton travail ?
Le partage que ça engendre… Je passe tout simplement mes journées à partager des projets, des images, des idées avec les gens, que ce soit virtuellement ou par le biais des nombreuses rencontres que l’art permet. C’est une chance formidable et c’est terriblement enrichissant. J’ai également le sentiment d’être vraiment libre de faire ce qui me plait, ce qui est complètement dingue.
As-tu d’autres thématiques, comme la nature, que tu songes aborder dans le futur ?
Il y a énormément de sujets qui m’intéressent… Je vais devoir travailler toujours plus pour évoluer et prendre quelques risques peut-être… A suivre !
C’est quoi qui te plaît à Bordeaux ?
J’adore tout simplement cette ville. La taille de Bordeaux, son dynamisme, c’est une des très rares villes que j’ai connue dans laquelle la majorité des gens ont choisi de vivre… C’est une ville avec des ambiances et des quartiers bien différents, ce qui permet une vraie richesse à tous les niveaux. C’est une ville que je trouve belle. Se balader à Bordeaux est un vrai plaisir.
As-tu un mur que tu as réalisé et que tu préfères parmi d’autres ?
Chaque mur à son histoire, ses anecdotes… Je n’ai pas vraiment de « mur favoris » ou de fierté particulière vis-à-vis d’un mur plus qu’un autre non.
Quelles rencontres et collaborations t’ont marqué ?
La peinture reste pour moi une passion, passion que j’aime partager avec les gens que j’apprécie et j’ai la chance d’être entouré d’artistes avec qui j’ai plaisir à peindre et passer du temps. Chaque artiste a une vision propre de son travail et de l’art en général… Chaque rencontre nourrit mon intérêt pour l’art et me permet de le considérer sous un autre angle. Je peux vraiment dire que toutes les collaborations m’ont apporté ça. Comme pour les murs, j’aurais du mal à en placer une au-dessus des autres.
Tu as participé plusieurs fois à des ateliers avec les écoles, que veux-tu que les enfants retirent, plus que tout, de ces expériences ?
Dans le cadre de ces ateliers je cherche à leur faire passer un bon moment, à les intéresser et les impliquer dans un projet souvent collectif. Mon but est qu’ils découvrent ou développent leur intérêt pour l’art en général, quel que soit la forme que ça prendra… Qu’ils trouvent dans l’art un moyen d’expression amusant.
Comment tu t’occupais pendant le confinement ?
Comme tout le monde j’ai eu quelques projets annulés ou repoussés à une date non définie… Mais j’ai la chance de pouvoir continuer à travailler dans des lieux fermés au public durant cette période de confinement tels que des entreprises ou un hôtel. J’ai beaucoup de travail en retard également donc c’est un bon moment pour remettre de l’ordre dans tout ça et passer un peu de temps à l’atelier pour travailler sur des toiles en retard par exemple !
Je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer, ce qui est une chance énorme !
Des projets / actualités sur le feu ?
J’ai quelques murs de prévus pour des particuliers et certains pour des entreprises, je travaille également sur des visuels pour des bouteilles de rhum et whisky… Pas mal de projets différents ce qui est vraiment motivant !
Tu veux l’écouter parler de sa technique et le voir à l’œuvre ? Regarde ce reportage de France 3.
Et pour suivre tes actualités ?
Instagram – Facebook – Site internet
A-MO, merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Bravo pour ton travail, on est fan ! Et toi, qu’as-tu pensé de l’article ? Ça t’a donné envie d’explorer Bordeaux à la recherche des animaux d’A-MO ?
Crédit photo DR
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C’était très intéressant comme article, on sent que l’artiste aime ce qu’il fait sans se forcer et c’est bien de voir le mélange entre la liberté de l’artiste avec le street art et la liberté qu’il donne à nouveau aux animaux en les peignant dans la ville !
Je suis tout à fait d’accord !! Merci à toi pour ton commentaire.
Merci Fleur pour cet entretien avec A-MO. Et merci à A-MO pour la poésie de ses fresques murales. Tous ces magnifiques animaux nous interpellent, nous questionnent, nous renvoient à nous-mêmes, à notre emprise bien trop forte sur la nature…
Essayons de leur accorder plus de place sur la planète, de préserver leurs habitats naturels, et qui sait ? Peut-être que certains d’entre eux s’inviteront en ville autrement qu’en peinture !
Merci pour ton commentaire David !! XOXO
Super ces animaux aux dimensions impressionnantes qui surgissent de nul part et qui s’imposent à nous! La nature s’invite en milieu urbain, ce qui n’est pas pour nous déplaire! Ils ont l’air plutôt sympathiques ces animaux et transmettent de l’émotion…J’aime beaucoup les singes en particulier!
Les photos sont belles comme toujours! Vivement que je puisse découvrir en ta compagnie toutes ces merveilles à Bordeaux!
Belle journée et merci pour ce moment d’évasion en cette période de confinement.
Anabelle
Merci Anabelle ! Tu as vu comme ils sont beaux ?! Je t’embrasse fort xoxo
Super article et très belle interview. Ça donne envie d’aller voir ses oeuvres de plus près quand on pourra le faire en prenant son temps dehors.
Et ça donne aussi envie d’essayer le tuto de pochoir pour s’entraîner à la maison en attendant 😉
Merci Antoine, ça me fait bien plaisir ! Oui, j’ai trouvé ce guide super bien aussi.
Non conosco Antoine, sono Paperino 😉
Baci