Vues de Bordeaux : les incontournables
tour Pey-Berland et flèche Saint-Michel
Aujourd’hui, on va grimper des marches… Plusieurs centaines… Et, à la clef, une belle récompense : tu en prendras plein la vue !
En effet, pour découvrir Bordeaux vu d’en haut, la flèche Saint-Michel et la tour Pey-Berland sont un passage obligé.
Mais avant de te lancer dans ces ascensions, lis donc un brin d’histoire et quelques anecdotes pour impressionner tes proches lorsque tu domineras la ville.
11 infos et anecdotes à connaître sur la tour Pey-Berland
• Pey-Berland (Pey = Pierre en gascon) était, entre 1431 et 1458, un archevêque respecté des Bordelais.
En 1440, il pose la première pierre pour bâtir ce campanile au style gothique flamboyant.
• Cette tour est le clocher de la cathédrale Saint-André. Il est séparé de celle-ci pour pouvoir la doter d’imposantes cloches sans menacer sa structure fragile des vibrations et du poids du bourdon.
• D’ailleurs, à cause de la nature marécageuse du sol, la cathédrale est construite sur des pieux qui s’enfoncent profondément dans la roche.
Comme nos emblématiques cabanes du Bassin d’Arcachon, notre cathédrale est tchanquée ! (sur pilotis en gascon).
• As-tu remarqué que le mur oriental de la cathédrale est dénué d’ornements ? C’est parce qu’une première église construite en ce lieu (ensuite remplacée par la cathédrale gothique actuelle) faisait partie du 1er rempart de la ville érigé au III e siècle.
• De même, as-tu noté l’absence d’ornements à la base de la tour Pey-Berland ? Il a pour effet d’attirer le regard vers le ciel.
Notamment vers Notre Dame d’Aquitaine, la statue dorée qui domine la tour du haut de ses 66 mètres. Elle prit place en 1863, après que la flèche originelle fut emportée par une tempête en 1617.
• Vois-tu comment elle regarde le nord-ouest ? Plus précisément, en direction du hameau de Saint-Raphaël à Avensan. C’est là-bas qu’est né Pey-Berland. Aujourd’hui, une chapelle est érigée sur le lieu de sa maison natale.
• Pey est un jeune berger qui ne sait ni lire ni écrire.
Une légende raconte qu’un jour, alors qu’il s’occupait de son troupeau et griffonnait sur le sol, un homme d’église lui demanda ce qu’il faisait. « Je m’amuse, répondit Pey ». L’évêque ou le curé, surpris, lui indiqua alors qu’il écrivait en latin ! C’est ainsi que commença le destin religieux et éducationnel de Pey-Berland.
• Ainsi, en 1441, l’archevêque fonda, à ses frais, l’université de Bordeaux et ses 4 facultés : l’art, le droit, la médecine et la théologie. Il s’assure qu’une partie des inscriptions est réservée aux plus pauvres.
• Pendant la Révolution, on menace de détruire la tour Pey-Berland pour pouvoir élargir les rues étroites qui l’entourent. Les Bordelais crient au scandale et sauvent ainsi la tour qui devient une fabrique de plombs de chasse.
• Les cloches de la tour sont nommées, baptisées et ont un parrain et/ou une marraine.
Voici les 3 cloches : Marie, Clémence, Marguerite. Quant au bourdon de 8 tonnes, il se nomme Ferdinand-André. Son nom actuel « Ferdinand-André II » (le 1er termina brisé) proviendrait, dit-on, de l’archevêque Ferdinand Donnet qui racheta la tour en 1851 et du Saint André. Aujourd’hui, les cloches sonnent à la volée grâce à un moteur électrique.
• Un des affluents de la Garonne, le Peugue, coule sous le cours Alsace-Lorraine, à côté de la place Pey-Berland. Prenant sa source à Pessac, il était autrefois au cœur du commerce de Bordeaux (après la Devèze). Puis, devenu insalubre, on le canalise sous terre. Il parait que si on descend pour y accéder, on découvre une plage souterraine !
La tour Pey-Berland, les photos
Voici les photos de la visite. Je t’invite à bien les regarder pour ne rater aucuns détails ou monuments au second plan !
Crédit photos David Da Silva
Et maintenant, dirigeons-nous vers le quartier Saint-Michel et sa flèche, la rivale de la tour Pey-Berland !
En effet, l’histoire raconte que Pey-Berland est un fervent fidèle du royaume d’Angleterre. Lorsque la France reconquiert Bordeaux en 1453, Pey-Berland, ennemi de la France, est chassé. Mais, les Bordelais, très attachés à l’archevêque, le forcent à revenir. La tour est donc considérée tour anglaise !
Puis, en 1462, Louis XI, roi de France, est de passage à Bordeaux. Enthousiaste fidèle de Saint-Michel, il participe à une messe dans la basilique dévouée à l’archange. À l’issue de celle-ci, il donne généreusement à l’église.
Bordeaux, alors tout juste rattaché à la France, décide de s’en faire un allié en construisant en son honneur l’impressionnant clocher de l’église : la flèche Saint-Michel. Le campanile est alors tour française !
Sinon, voici une autre version plus simple de l’histoire : Louis XI ordonna la construction du clocher au maître d’œuvre Jean Lobas.
9 infos et anecdotes à connaître sur la flèche Saint-Michel
• La flèche est le clocher de la basilique gothique Saint-Michel. Toutes deux sont bâties sur un ossuaire. Les travaux pour la construction de la basilique durent 2 siècles (XIVeet XVIesiècle).
• La construction de la flèche, débute en 1472 selon les dessins des architectes Jean Lobas (père et fils).
• On raconte qu’à la fin des travaux, en 1492, aucun des ouvriers n’osent se hisser sur l’échafaudage pour poser le dernier élément du monument, la croix, tant sa hauteur de 120 mètres (à l’époque) impressionne.
• Le clocher, le deuxième plus haut de France après celui de Strasbourg, tient bon malgré la foudre et de forts doutes quant à sa solidité.
• En 1675, il subit la colère de Louis XIV qui veut le détruire pour punir les habitants d’avoir sonné le tocsin et déclenché des soulèvements pendant la Fronde (la révolte sur la taxe du papier timbré).
Heureusement, personne n’exécute l’ordre du roi et la flèche est préservée.
• C’est finalement la tempête de 1768 qui a raison du sommet.
• En 1822, on aménage sur le clocher ainsi décapité un relais du télégraphe Chappe.
Tous les 5 à 10 kms, des bras articulés, disposés sur des tours, reproduisent et transmettent des messages. Un autre relais se trouvait au 5 de la rue du Grand-Rabbin-Joseph-Cohen. (Lire mon article « Flâner dans les rues de Bordeaux : entre Saint-Julien et Sainte-Eulalie » pour en savoir un peu plus).
• Puis, en 1861, Paul Abadie, architecte, reconstruit et consolide le monument, aujourd’hui haut de 114 mètres.
• En 1791, des momies exhumées du cimetière Saint-Michel sont disposées dans la crypte de la flèche. Très vite, on parle de leur présence dans tout Bordeaux. Même Victor Hugo ou Stendhal, de passage en ville, vont visiter la crypte pour découvrir les mystérieuses momies.
Il fallait descendre cet escalier pour les apercevoir…
Crédit photo David Da Silva
Pour en savoir plus sur ces fameuses momies, lis mon article « Flâner dans les rues de Bordeaux : entre Saint-Michel et Sainte-Croix », tu y retrouveras cette anecdote parmi d’autres sur la basilique et le quartier.
La flèche Saint-Michel, les photos
Crédit photos David Da Silva
Pourquoi j’aime grimper en haut de ces tours
• Pour regarder Bordeaux vu d’en haut !
Comme tu le vois sur les photos, on découvre toujours quelque chose : une cour cachée, un clocher, un bâtiment que l’on ne peut apprécier d’en bas ou que l’on voit différemment… Bref, une perspective nouvelle !
• Avec la tour Pey-Berland, après avoir gravi 233 marches, tu peux admirer le centre de Bordeaux et ses toits.
• Du haut de la flèche et de ses 230 marches, tu es proche du fleuve et du pont de Pierre, tu peux voir les quais, le miroir d’eau, les méandres de la Garonne…
Et pourquoi pas, prends des jumelles pour observer le pont Chaban, le pont d’Aquitaine, le génie du monument des Girondins, la cité du Vin… En prenant le temps d’observer, on voit Bordeaux autrement !
• L’accès à la tour Pey-Berland est gratuit chaque 1er dimanche du mois, de novembre à mars. En voilà un bon plan qui fait plaisir !
• Lorsqu’un évènement comme le « carnaval des deux rives » en mars ou « Bordeaux fête le fleuve / fête le vin » en juin se déroule dans la ville, gravir les tours te permet, non seulement de profiter du panorama mais aussi des défilés costumés, des fanfares, des grands voiliers amarrés sur les quais.
Ton expérience n’en sera que meilleure, à l’écart de la foule.
Ici, je ne m’étendrai pas sur la cathédrale Saint-André ou sur la basilique Saint-Michel. Je préfère leur dédier un futur article. En revanche, je tiens tout de même à te recommander de rentrer dans la basilique pour admirer les vives couleurs des vitraux contemporains installés suite aux bombardements de 1940.
Informations pratiques
Tour Pey-Berland
Du 01/06/2019 au 30/09/2019 : ouvert tous les jours de 10h00 à 17h30
Du 01/10/2019 au 31/12/2019 : ouvert tous les jours de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 17h00
Tarifs : 6 € plein tarif – 5 € tarif réduit – gratuité pour les détenteurs du Bordeaux Métropole City Pass.
Gratuité chaque 1er dimanche du mois, de novembre à mars.
Fermée le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Fermeture de la billetterie 30 mn avant.
Place Pey-Berland – 33000 BORDEAUX
Flèche Saint-Michel
Du 01/04/2019 au 31/10/2019 : ouvert tous les jours de 10h à 13h et 14h à 18h entre avril et octobre
Place Canteloup – 33000 BORDEAUX
Visite libre sans réservation, dernière visite 30 mn avant fermeture.
Tarifs : 5 € plein tarif – 3,50 € tarif réduit – gratuité pour les enfants de moins de 12 ans accompagnés et pour les détenteurs du Bordeaux Métropole City Pass.
Plus d’infos sur le Bordeaux City Pass
Mes sources
Guide secret de Bordeaux et de ses environs, Naly Razakandraïbé 2017
Bordeaux disparu et secret, Antoine Lebègue 2005
Guide le Festin, Bordeaux Patrimoine mondial de l’UNESCO, Dominique Dussol, 2017
Bordeaux méconnu et alentours, Jean-Marie Beuzelin, 2019
Guide du Bordeaux médiéval, Annick Bellegarde, 2019
Bordeaux petits secrets et grandes histoires, Philippe Prévôt, 2016
Bordeaux secret et insolite, Philippe Prévôt, 2017
Alors, est-ce que ces bribes d’histoires t’ont plu ? Quelle est ton anecdote préférée ?
Et dis-moi, préfères-tu la flèche ou la tour Pey-Berland ? Laisse-moi tes commentaires en bas de page !
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