Le mémorial du camp de Souge

« Si l’écho de leurs voix faiblit nous périrons. » Le cheminement du mémorial du camp de Souge débute par une citation de Paul Éluard. Depuis sa création en octobre 1999, l’association du Souvenir des Fusillés de Souge organise des visites en souvenir des fusillés. Découverte.

Mémorial Camp de Souge Martignas-sur-Jalle
Entrée du camp militaire
Jean Lavie, président de l'association du souvenir des fusillés de Souge

mémorial du camp de Souge

L’essentiel en résumé

Créée sous forme de comité en 1949, l’association est fondée en 1988. Sa vocation :

Honorer durablement la mémoire des résistants fusillés, entre 1940 et 1944 et leurs épouses.

• Démontrer que l’histoire de la Résistance est aussi une histoire de familles.

Relever la diversité d’origines, d’âges, de professions et des idéologies des fusillés… Ainsi que la représentation des divers mouvements et groupes ayant constitué la Résistance.

• Noter la corrélation entre le rythme des exécutions et l’évolution de la guerre, sur la période 1940-1944.

• Comprendre le contexte historique des années 1930 et de l’entrée en guerre ; les enjeux économiques et géographiques de Bordeaux et son port.

Transmettre l’histoire du camp de Souge pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli.

Et enfin s’inscrire dans ce travail de mémoire et de transmission entre générations pour se souvenir du passé et éviter qu’il ne se reproduise.

Visite du mémorial du camp de souge

Le cheminement débute sur un sentier ponctué de stèles en verre. Chacune d’elles détaille le calendrier des fusillades ainsi que les noms, prénoms et âges des fusillés. Plus loin, se dresse une stèle honorant les épouses, sœurs ou mères des fusillés, décédées en déportation. Le sentier débouche enfin sur l’enceinte sacrée. Ici, une cérémonie d’hommage et la montée des couleurs concluent la visite.

Le mémorial se situant à l’intérieur du camp militaire, il est nécessaire de contacter l’association pour les visites.

Dominique Mazon animant une visite du mémorial dans le camp militaire de Souge
Mémorial du camp de Souge
Cheminement entre les stèles

Le camp de Souge

Étendu sur les communes de Martignas-sur-Jalle, Saint-Jean d’Illac et Saint-Médard-en-Jalles, le site est un camp militaire depuis 1845. Entre 1940 et 1942, les Allemands installent deux enceintes de fusillades. Durant la Seconde Guerre mondiale, Souge est, après le Mont Valérien, le deuxième lieu de fusillades collectives en France.

Pour aller plus loin : quelques explications historiques

Une « politique des otages » mise au point par les Allemands

Milieu 1941, des actions de résistance armée sont conduites par des clandestins du Parti Communiste Français (PCF). Afin d’y mettre un terme, les Allemands élaborent une tactique répressive et punitive. Le 16 septembre 1941, le décret du Maréchal Keitel statue un « code des otages » dans lequel sera listé tout détenu suspecté d’agir contre leur présence.

Pour un soldat allemand tué, 50 à 100 otages seront fusillés en représailles, sans jugement. Répertoriant d’abord les communistes et les gaullistes, la liste s’élargira par la suite aux Juifs. « En France, 725 otages ont été fusillés au sens de la « politique des otages », 127 ont été tués à Souge soit 18%, dont 50 en 1941 et 77 en 1942 » relève Jean Lavie, président de l’association. À la fin de la guerre, 256 exécutions auront eu lieu à Souge.

 

Les fusillades rythmées par l’évolution de la guerre

2 fusillés en 1940 ; 51 en 1941, 99 en 1942 ; 2 en 1943 ; 102 en 1944… Le rythme des fusillades suit l’évolution de la guerre. En 1943, les deux fusillades individuelles s’expliquent par différents évènements de la guerre. Entre autres :

– 8 novembre 1942, opération Torch en Afrique du Nord : débarquement des alliés sur les côtes marocaines et algériennes. Les Allemands envahissent alors l’ensemble du territoire français.

– La défaite des Allemands lors de la bataille de Stalingrad.

– L’instauration du Service du Travail Obligatoire (STO).

Avec un fort besoin de main d’œuvre, l’année 1943 marque un tournant dans les décisions politiques allemandes. Le STO est mis en place et le classement des « fusillables » évolue en « déportables ». La déportation, pour motifs raciaux, politiques, mœurs et actes de Résistance, s’accélère.

– L’unification de la Résistance par Jean Moulin.

– La renaissance de l’espoir.

Mémorial Camp de Souge
Visite du mémorial du camp de Souge avec l'association souvenir des fusillés de Souge
Enceinte sacrée du mémorial
Stèle honorant les femmes mortes en déportation

« Bien souvent dans la Résistance, c’est aussi une histoire de familles »

Portraits, actes de naissances et de décès, recherches aux archives institutionnelles, entretiens avec les familles de fusillés… Depuis sa création, l’association n’a de cesse de poursuivre ces travaux de collecte nécessaires pour transmettre l’histoire et rassembler les liens unissant ces hommes et ces femmes.

Dans leur ouvrage Les 256 de Souge, Fusillés de 1940 à 1944, le Comité du Souvenir des Fusillés de Souge fournit des informations détaillées sur la vie des fusillés ainsi que des extraits de lettres rédigées à l’attention de leurs proches à la veille de leur exécution.

Ainsi dans la famille Jacob, Louis René participe au réseau de renseignement « Jove » créé par son fils Louis Robert. Dans la famille Castéra, Gabriel, son père Albert et son frère René militent clandestinement et travaillent tous les trois à la SNCASO (Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest) de Bègles. Ils seront fusillés à Souge tandis que leur mère, Hélène, sera déportée à Auschwitz. La rue des Quatre Castéra à Bègles rappelle leur souvenir.

Toujours à Bègles, des pavés commémoratifs (stolpersteine) honorent la mémoire des époux Rabeaux, Pauline et Raymond.

 

2024, 80° anniversaire des fusillades de 1944

Calendrier des commémorations

10 janvier : rafle des Juifs à la synagogue de Bordeaux.

28 avril : Journée de la déportation

Stèle du camp de Mérignac-Beaudésert, ou devant l’ancien Fort du Hâ (École nationale de la Magistrature) à Bordeaux.

8 mai : hommage aux victimes inhumées au caveau des Fusillés, cimetière de la Chartreuse à Bordeaux.

27 mai : Journée de la Résistance, hommage devant la statue de Chaban Delmas, place Pey Berland, Bordeaux.

21 septembre : hommage aux fusillés du 21 septembre 1942, Bourse du travail, Bordeaux.

5 octobre : hommage aux victimes travaillant dans l’aéronautique devant la stèle de la SNCASO – SOGERMA à Mérignac.

14 – 24 octobre : exposition « les 256 de Souge », Archives départementales.

15 octobre : Conférence sur l’Histoire des Fusillades de Souge par Dominique Mazon et Jean Lavie, musée d’Aquitaine.

20 octobre : visite du mémorial. Inscription auprès de l’association.

27 octobre : cérémonie annuelle d’hommage aux Fusillés à Souge.

9 décembre : hommage aux victimes de l’opération Frankton.

© David Da Silva 

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