Street art Bordeaux : Trakt, du graffiti à l’expression libre
Du graffiti, Trakt garde l’essentiel : le travail du lettrage et la maitrise de la bombe. Son atelier et ses fresques murales reflètent son émancipation, une créativité libre, sans en oublier ses origines. Tout est matière à créer, tout est jeu de textures. Alors Trakt peint, sculpte, dessine… et continue ainsi d’élargir le champ des possibles. Résident à l’atelier 1000m², j’ai eu le plaisir de pénétrer dans son univers pour mieux comprendre son œil d’artiste. Présentations.
Trakt, raconte-nous tes débuts dans le graffiti
« C’était un peu avant les années 2000, avec Jone et Eryck ; la scène bordelaise était déjà riche. Il y avait plein d’artistes à faire du graffiti pur et dur. Mais, pour moi, c’est plus tard que j’ai vraiment été piqué et que je me suis investi. Quand j’ai croisé le chemin de Kendo et Crewer. Avec eux, Jone et moi, on a monté le collectif Peinture Fraîche. Je me souviens, notre première commande était à Saint-Louis de Montferrand… Ensuite, on a multiplié les rencontres, avec une envie de construire, de faire des projets, de créer…
« Après, en 2009, je suis parti deux mois avec le collectif au Brésil. On participait au projet artistique « O encontro ». Ça a changé ma manière de concevoir la création. J’ai découvert la culture latino-américaine, j’ai rencontré des artistes comme Ramon Martins… Je me suis libéré des codes du graffiti pour m’orienter vers une expression libre, sans limites. »
Ensuite, y’a eu l’aventure Transfert, collectif que tu as cofondé avec les crews le Club Mickey et les Frères Coulure.
« On a créé Transfert en 2011. On voulait montrer que l’art est pluriel, accessible et gratuit. C’était fondamental pour nous. Ça s’est traduit par 6 ans d’expositions. C’était novateur, surtout à Bordeaux ».
Performances, installations, land art, vidéos, sculptures… Transfert se révèle une énorme aventure artistique collective. En découleront 4 ans de résidence aux Vivres de l’Art et de nombreuses expositions, dont deux majeures sur les sites du commissariat Castéja et du Virgin Megastore à Bordeaux.
Quelle est l’origine de ton blaze « Trakt » ?
« Tractopelle. Un genre de croisée entre le rugby que j’ai pratiqué et les chantiers. Je fais des chantiers de peinture et je vis la vie côté rugby. J’aime les deux et ça ressort dans mon travail aujourd’hui. »
Peux-tu nous parler de ta peinture ?
« Ma peinture, je la veux personnelle et sans contrainte. J’ai ce besoin de créer librement. C’est aussi un exutoire. Je fais un gros travail de libération et après je donne naissance aux formes. Je dessine, je détourne, je vois naître des choses. C’est un travail abstrait. Un travail minéral de construction et de déconstruction. Avant, j’aimais beaucoup l’interaction des formes. Je viens du lettrage et dans le lettrage y’a un côté rigoureux. C’est beau de voir un tag avec une belle technique, une belle calligraphie.
Aujourd’hui, ma démarche n’a pas de limite. C’est une libération totale. J’ai appris à être impulsif ; à comprendre que l’accident amène à quelque chose. Plus je travaille, plus je cherche, plus il se passe des choses et plus j’ai de vocabulaire. »
Tu décomposes et recomposes des formes ?
« Je travaille des bases de formes pour les déformer. À l’intérieur des formes je fais naitre des volumes. La démolition n’est pas que négative. Après, je regarde la feuille – ou le mur – et je me demande : à quel mouvement s’arrêter ? Je prends du recul pour voir le rapport plein / vide, je recherche l’équilibre. Je veux aussi donner de l’énergie, créer des effets de vibrations, arriver à donner du 3D… Avec la bombe, tu peux créer des rythmes supplémentaires. C’est tout une somme de choses qui font l’œuvre. »
Et il y a un travail de couleur aussi
« Y’a la pose de la couleur et l’étape de la mise en forme. D’abord, j’envoie une purée et après je gratte les formes. Une fois que j’arrive à rentrer en couleur, elle prend le pas sur la structure. Je veux faire résonner les couleurs. Je peux me laisser aller au fil de ces couleurs ou me poser une contrainte. Je regarde ce qui compose l’environnement pour créer une œuvre intégrée. Par exemple une couleur ocre peut faire écho à la végétation alentour. Y’a une interaction avec l’âme du lieu. »
Quelques spots signés Trakt dans Bordeaux Métropole
Envie de voir les murs de Trakt en ville ? Voici un parcours street art Bordeaux spécial Trakt.
- Avenue Thiers, entre Bordeaux et Cenon, sous le pont Saint-Émilion à Cenon, collab avec l’association Exit.
- Terrasse Koening, dalle de Mériadeck, collab avec Kendo.
- Le Chapitô à Bègles.
- Gare du Bouscat Sainte-Germaine, collab avec Jean Rooble.
- La recyclerie créative, rue la Motte Picquet, à proximité du Bassins des Lumières.
- Bassin du parc Fontaudin Pessac, collab avec Jean Rooble pour l’association L’Irrégulière.
De cette collab avec l’association L’irrégulière nait la fresque « au fil de l’eau », dernier volet de lignes d’eau, un parcours urbain au fil des bassins.
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Site Internet de l’artiste graffeur.
Crédit photos David Da Silva
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Super article !
Merci Fleur pour la découverte de l’univers de Trakt que tu nous fais partager !