street art bordeaux : à la rencontre de möka 187
Après avoir rencontré la pétillante Lüle, passe un moment avec son poto, l’artiste et graffeur Möka 187. Originaire d’Angoulême et installé à Bordeaux depuis plus de 15 ans, il nous parle de son art en direct de son atelier !
salut möka 187 ! parle-nous de ta famille
« On est une grande fratrie de 4 filles et 3 garçons. Je suis le dernier. Mon père Michel, est breton et ma mère, Guacolda – un prénom Mapuche – vient de Santiago du Chili. Pour nous canaliser, elle nous faisait faire des ateliers créatifs, de la peinture, du dessin, de la pâte à sel… On a tous un peu pris goût à ça et aujourd’hui on sait tous à peu près dessiner, même si y’en a qui ont poursuivi et d’autres non. »
donc tu dessines depuis tout petit möka !
« Je faisais des personnages de dessins animés, de BD dont j’étais fan, comme Dragon Ball Z, Astérix, Spirou, Les Simpson, les Lascars et j’en passe ! J’ai fait ça pendant des années et à force d’en faire, de les travailler tous les jours, j’me suis créé mes propres persos. Et puis, je trouvais ça cool de pouvoir refaire mes illustrations sur papier telles quelles sur les murs. Mais ça, ça a pas été tout de suite. »
et tu t’es mis au graff
« J’ai découvert le graff avec ma sœur, à mes 17, 18 ans. Et depuis, j’me suis jamais arrêté. Mon tout premier graff c’était un grand perso. J’l’avais fait avec des bombes de chantier dans le quartier où j’habitais, sans objectif, comme ça. »
aujourd’hui möka c’est ton activité à temps plein
« Le dessin c’est tous les jours, c’est vraiment ma drogue, et la peinture c’est pratiquement tous les jours. Je m’ennuis jamais. En général je travaille entre des ateliers pédagogiques, de la déco pour particuliers ou pour des pros, des fois des commandes de toiles, des baskets… Je fais des logos, des illustrations… Je touche à tout ce qui est autour du dessin, autour du visuel. J’ai une liberté totale ! Je dessine beaucoup et j’ai pas de règle. Je peux partir en impro et si j’ai pas l’inspi, j’ai plein de dessins sur mon téléphone donc je pioche des idées. »
ça veut dire quoi ton pseudo « möka 187 »
« Quand j’ai commencé avec ma sœur, on a passé plusieurs soirées à chercher des blazes. Moi je voulais un mot court, 3 ou 4 lettres. « Möka » est venu comme ça, pour les lettres. J’aimais bien comment ça collait. J’avais plusieurs blazes avant ça et c’est celui qui est resté. Ça me déplait pas !
Le tréma c’est parce que j’en ai un sur mon nom de famille. C’est le clin d’œil. Et 187 c’est parce que les graffeurs ils mettent un truc genre le premier du nom. Donc c’est « Möka1 » et 87 c’est mon année de naissance. Et ta aussi la référence au film « 187 code meurtre » que j’aime beaucoup…Moi, c’est plus 187 code graffiti ! »
tu fais des persos et du lettrage aussi…
« Avec le perso je me suis trouvé mon style et j’suis à l’aise dedans. Le lettrage, j’ai commencé tard et j’m’essaie à plein de styles différents car je trouve que j’ai pas encore trouvé mon truc. Et j’aime bien ce côté d’essayer plein de trucs, d’explorer. »
et tu fais jamais le même perso
« Oui. Si t’observe bien mon perso ça se voit : les traits, le sourire, comme il va regarder, les couleurs… Des fois la base de la tête est ronde, des fois elle est rectangle ou carrée. Des fois il est métis… C’est pas un perso que je refais tout le temps pareil. Moi c’est plus un style de perso, y’a des grandes lignes communes et après je vais varier pour apporter du caractère. Et j’aime bien ce côté un peu humoristique, j’ai déjà fait du réaliste mais je kiffe beaucoup moins. »
il a des tatouages aussi
« J’aime bien le rendu avec les tatouages, ça me permet de mettre plein de dédicaces sans forcément casser l’illustration. »
ton perso qui signe son blaze…
« C’est aussi un bon moyen pour signer sans casser le délire. Je réfléchis pas trop. Souvent quand on est à l’extérieur on s’adapte aux supports, aux couleurs. Même si t’as prévu un dessin, tu l’adaptes pour qu’il s’intègre bien ».
tu utilises quoi pour peindre möka ?
« Pour faire un mur, j’utilise la bombe mais aussi le rouleau, le pinceau… Des fois je fais tout blanc et j’applique que de la bombe par-dessus. Des fois tu fais du rouleau et tu joues avec, tu rajoutes de la bombe… Ça dépend des fresques. Et quand tu fais une fresque et que tu l’as fait bien, faut mettre une bonne sous couche pour que ça tienne dans le temps ; même si tu fais un perso sur mur en brique et tu gardes le fond, là où t’as le perso faut mettre une sous couche.
Les caps sont importants. T’as plein d’embouts différents et plein de bombes différentes. Ça varie mais chaque graffeur va utiliser tel cap avec telle marque selon son style. Pour mon perso j’utilise de tout et ça dépend de la taille. En général j’utilise beaucoup de « fat cap » et pour les détails, j’utilise les caps bleus ou jaunes ; et quand j’ai pas je fais avec ce qu’il y a. »
raconte ta collab avec mr myl
« C’était avec l’asso « Bordeaux Parallaxes ». Elle avait ce projet « Cubacalan » avec cet artiste cubain et elle m’a demandé d’y participer, comme je suis franco chilien et que je parle espagnol. Elle trouvait que ça collait au niveau de la culture et du style.
On a fait des piliers du pont d’Aquitaine. On avait carte blanche et les 2 murs ont rien à voir ! Et aussi deux façades rue Blanqui. J’avais dit que ça serait cool de faire une fresque avec d’autres artistes, du coup j’ai invité Lüle, Crock, Selor… C’était un peu plus free et on était tous ensemble ! »
quand tu fais une collab, vous vous mettez d’accord sur la peinture ?
« J’aime bien quand on fait un fond commun, un thème ou qu’on utilise les mêmes couleurs pour les lettrages ou les persos. Après, des fois, on part sur des trucs qui ont rien à voir ! Ça dépend du temps qu’on a, si on a envie. Y’a pas de règle et ça se réfléchit pas forcément. »
tu fais des jams avec tes crews vec et vfl aussi
« J’fais des jams entre potes. Par exemple avec mes crews ou plusieurs mélangés. Avec le crew « VEC, on est souvent ensemble, comme une grande famille. Y’a plein de membres à La Rochelle, aux Sables… Chacun organise des trucs et invite les gars du crew.
Vec (Vivre en Couleurs) c’est aussi vivre en claquettes, vivre en charentaises, vieux et cons… »
et ton autre crew vfl, ça veut dire quoi ?
« À la base c’est vandale for life mais oui, on s’amuse un peu avec ! C’est un crew vandale pur et dur. »
möka, tu décores des bombes aussi
« À la base, je les ramassais un peu comme ça. Y’a plein de graffeurs qui laissent des bombes et elles sont écrasées par des voitures, elles rouillent avec le temps… Moi je les trouvais belles telles quelles, je les ramassais pour les collectionner. Un jour en voyant le rond de la bombe écrasée, j’ai vu une tête et j’ai commencé à en customiser une. C’est déjà fait par d’autres artistes… »
tu es à l’origine du mur du secours populaire quai de paludate
« En fait j’étais en lien avec le Secours Populaire car ça fait 10 ans que je fais des évènements avec eux. J’ai vu qu’il y avait ces grands murs et j’ai dit que ça serait pas mal de les habiller. Ils étaient super chauds ! Donc j’ai organisé le truc et j’ai invité les copains. L’idée c’était de faire des cases de BD ou chacun se fait plaisir, sans thème donné. Couleur, lettrage, perso, c’est ce qu’ils veulent pour s’exprimer… Et ça a vachement bien marché ! T’as la devise du Secours Populaire et les mots dans les bulles reprennent leurs valeurs. »
tu te fais repasser après que t’aies fait un mur ?
« Y’a des règles qui se connaissent. Quand s’est pas respecté, en général on le voit au niveau, c’est des jeunes et faut leur dire. Quand c’est du sauvage, du vandale, la règle c’est tu repasses pas. Tu te mets à côté ou plus loin, là où il y a de la place. Encore une fois, chaque graffeur a sa vision mais c’est ce qui se dit en général et c’est ce que j’ai appris. Mais y’en a plein qui le font. Au-delà de la scène bordelaise, dans des villes comme Paris ou Marseille y’a plus de place tout est saturé et donc ça se repasse. Ici, tu fais 100 mètres et t’en as 20 des supports, des blocks EDF, y’en a partout sur la rocade. »
« Au début tu connais pas les codes, tu fais un peu comme tu le sens. J’ai pas vraiment eu d’attaques, c’était plus bienveillant, disant « beh voilà, je vois que t’es dans le milieu, ça se passe comme ça en général… »
en savoir plus sur möka 187
J’espère que cet article t’a plu ! Maintenant, découvre d’autres interviews de street artistes locaux. Et si tu veux poursuivre ta découverte du street art à Bordeaux, participe à ma visite guidée « Street art Bordeaux : confidences d’artistes dévoilées ». Plus de détails par ici.
À bientôt pour de nouvelles rencontres et belles balades en Gironde !
Flâner dans les rues de Bordeaux : balade à vélo dans le quartier La Bastide
Flâne à vélo dans les rues du quartier Bordeaux Bastide pour découvrir le patrimoine historique, le street art et toutes les pépites locales.
Street art Bordeaux : Trakt, du graffiti à l’expression libre
Le graffeur Trakt vient tout droit de la scène graffiti bordelaise. Aujourd’hui, son travail reflète une volonté de créer librement…
Art urbain à Bordeaux : Epis, artiste plasticien et graffeur
Amateurs d’art urbain, pénétrez dans l’univers d’Epis, un artiste plasticien, graffeur de la scène bordelaise.
Street art Bordeaux : Jean Rooble
Jean Rooble, un portraitiste graffeur – solidaire et engagé – de la scène bordelaise qui nous donne à réfléchir.
Street art Bordeaux : les quartiers Saint-Nicolas et Belcier
Street art Bordeaux : sors des sentiers battus en visitant les quartiers Saint-Nicolas et Belcier pour dénicher leurs fresques colorées !
street art bordeaux : le passé des bassins à flot
Street art Bordeaux : les anciens hangars des Bassins à Flot, détruits aujourd’hui, étaient un haut lieu du street art !
Street art Bordeaux : Lüle
Pénètre dans le monde du street art à Bordeaux en faisant la connaissance de la pétillante artiste et graffeuse Lüle !
Street art Bordeaux : les confidences de Delphine Delas
Pénètre dans l’univers de l’artiste contemporaine Delphine Delas et découvre les adresses où dénicher ses murs oniriques à Bordeaux.
Flâner dans les rues de Bordeaux : 6 bonnes raisons de faire un tour dans le quartier de Mériadeck
Pourquoi tu devrais faire un tour dans le quartier de Mériadeck, un des 111 lieux à Bordeaux à ne pas manquer.